Je travaille actuellement sur la mnésie. Mes recherches picturales se concentrent sur la mise en image du mode de fonctionnement de la mémoire. La mémoire est intimement liée au trou de mémoire. La mémoire est comme de la dentelle, avec des ramifications abyssales. Les trous de mémoire sont intrinsèquement liés à la mémoire. Ainsi, le rien naît d’un tout. Alors, l’ensemble de mes propositions plastiques repose sur les troubles de la mémoire que l’on pourrait tout simplement nommer dysmnésie ou altération de la mémoire. Le leitmotiv que j’utilise s’exprime de la façon suivante : « je me souviens donc je suis ».
La partie capitale de mon travail semble être le trou. Le trou, c’est l’absence de couleur. C’est l’intervalle entre deux formes qui ne recouvrent pas la toile et qui permet de voir le fond de celle-ci, sa vraie nature. Ces trous faussent notre perception : le schéma cognitif semble brisé. Les trous altèrent le souvenir, l’image est incomplète. Un son, une odeur, une sensation peut réactiver un semblant de souvenir de façon fugitive comme si la mémoire était vaporeuse. Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, j’ai voulu rendre hommage aux chroniqueurs de « Télématin » en proposant leurs représentations avec mon écriture graphique, voire mon style. Ils font partie de la vie de nombreux français et comme toutes personnes médiatisées, ont apporté leur pierre à l’édifice culturel français, toutes proportions gardées.
La perception est un moteur puissant d’incompréhension entre les hommes. Le langage, qu’il soit écrit ou parlé, permet de définir des sensations dans un registre défini. Les limites de l’incompréhension sont rapidement atteintes. Nos cinq sens : la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût et le toucher, nous permettent de comprendre une multitude d’informations et de les envoyer à notre cerveau qui en déduit des sensations. Cette prise de conscience de la compréhension du monde est régie par la comparaison. C’est-à-dire par la mémoire, qui fait le tri entre le connu et l’inconnu.